ELECTIONS PRESIDENTIELLE ET LEGISLATIVES Les Congolais ont déjà les résultats
30.11.11 Le Phare
Les résultats partiels des élections présidentielle et législatives nationales sont en circulation sous les manteaux, selon l'expression consacrée, depuis le lundi soir. Les Congolais, qui ont entre leurs mains les différents verdicts des urnes, n'attendent plus que leur confirmation par la Commission Electorale Nationale Indépendante, le 06 mardi décembre 2011, et leur validation par la Cour Suprême de Justice, qui fait jusque-là office de Cour Constitutionnelle habilitée à connaître les contentieux électoraux.
Les électeurs congolais connaissent donc les noms des « lauréats » de la présidentielle et des législatives nationales. En effet, la plupart des bureaux de vote, transformés automatiquement en bureaux de: dépouillement, ont procédé à l'affichage des résultats de ces deux scrutins dans la soirée de lundi même. Deux possibilités de compilation « informelle » se sont offertes à tous ceux et toutes celles qui voulaient connaître les premières tendances électorales : la sommation des résultats consignés dans les procès-verbaux remis aux témoins ou la collecte des données affichées devant les bureaux de dépouillement. L'exercice, soit dit en passant, était laborieux mais face à leur volonté de déplacer les montagnes, ils n'ont pas hésité à s'y lancer.
Des millions de Congolais et de Congolais ont ainsi exercé, le lundi 28 novembre 2011, une surveillance insoupçonnée des centres et bureaux de vote, à l'occasion des élections couplées présidentielle et législatives nationales. Dans leur détermination de voir la vérité des urnes éclater au grand jour, ils n'ont fait confiance ni à la Commission Electorale Nationale Indépendante, ni aux témoins des partis politiques et des candidats, encore moins aux observateurs nationaux ou étrangers.
Cette mobilisation générale contre les fraudes, d'une ampleur rare dans les annales des élections africaines, a conduit au démantèlement de pratiquement tous les réseaux et individus ayant enté de bourrer les urnes ou de tripatouiller les résultats.
Le marquage à la culotte du personnel de la CENI et des témoins s'est intensifié au moment des opérations de dépouillement, à la lumière des tubes ou ampoules, des lampes à pétrole, des bougies ou des torches de téléphones cellulaires.
Des veillées d'armes étaient organisées aux quatre coins de la République, dans l'attente fiévreuse de l'affichage des résultats.
Et, hier à la mi-journée, les résultats partiels émanant des milliers de centres de dépouillement circulaient de bouche à oreille. Parallèlement aux équipes de la CENI et des témoins des partis politiques et des candidats indépendantes, la compilation des résultats a été un exercice largement partagé entre des millions de concitoyens, seconde par seconde, minute par minute, heure par heure.
Congolaises et congolais ont mis au point de réseaux parallèles de communication pour ne pas se laisser prendre en défaut par les bureaux de dépouillement de la CENI. Au jour d'aujourd'hui, le sort réservé par les urnes aux onze candidats à la présidentielle et à plus de 18.000 candidats à la députation nationale n'est plus qu'un secret de polichinelle.
Le devoir de vérité
Au regard du tableau des résultats compilés pour la présidentielle et des législatives nationales, le peuple congolais ne demande qu'une chose à la Commission Electorale Nationale Indépendante : le respect de la vérité des urnes. A ce sujet, chacun entend encore résonner dans ses oreilles la promesse, maintes fois répétée, du bureau de cette institution d'appui à la démocratie d'organiser un processus électoral transparent, libre, démocratique et apaisé. C'est le moment de le démontrer.
S'agissant justement de cette profession de foi, beaucoup de participants aux scrutins de lundi 28 novembre 2011 sont dans le doute, à la lumière de nombreuses défaillances techniques et des tentatives de fraudes massives enregistrées aux quatre coins du pays.
Quant aux observateurs étrangers mandatés par la SADC (Communauté de Développement de l'Afrique Australe), l'UA (Union Africaine), l'UE (Union Européenne) et plusieurs Ong internationales, le peuple congolais attend d'eux qu'ils- contribuent à l'éclatement de la vérité des urnes. Pour avoir suivi eux-mêmes de bout en bout, les péripéties des opérations électorales, les Congolais seraient fort frustrés de voir la Communauté internationale cautionner des résultats qui ne refléteraient pas leur volonté, telle qu'exprimée à travers les urnes. Le monde extérieur ne devrait pas s'étonner de les voir rejeter des résultats qui ne seraient pas conformes à ceux compilés devant témoins.
Kimp