Date: 2011/10/5
Les choses s'éclaircissent maintenant au sujet de l'engagement à fond d'Etienne Tshisekedi dans le marathon électoral ; lui qui vilipendait l'organisation des élections générales de 2006 affirmant qu'elles étaient un simulacre d'élections dont le vainqueur était connu d'avance.
En se lançant pour la présidentielle de 2011, le leader de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) le fait assurer de son élection à la magistrature suprême, étant soutenu par les milieux conservateurs occidentaux, eux aussi convaincu du fait que seul Etienne Tshisekedi a le profil requis parmi les leaders congolais le plus en vue. A en croire des informations recoupées et croisées, le leader de l'UDPS est flirté, outre par les milieux conservateurs occidentaux (notamment les Belges, Allemands, Anglais, Français et Néerlandais), mais aussi par des puissants groupes financiers canadiens, sud-africains et … des institutions chinoises. Mais, l'appui le plus sérieux et actif lui est apporté par le richissime katangais d'origine belge Katebe Katoto, le frère aîné de Moïse Katumbi Chapwe, gouverneur du Katanga. Celui-ci ne jure que par l'élection d'Etienne Tshisekedi; il est même le missi dominici du leader de l'UDPS à l'occident. Il utilise en plein régime son carnet d'adresses et ses puissantes relations d'affaires pour arriver à ses fins au profit de son «poulain». L'on se rappelle qu'en 2006 déjà, les deux personnalités politiques étaient très rapprochées ; leur collaboration politique avait suscité bien des inquiétudes au gouvernement 1+4. A cette époque, ils avaient formé un gouvernement de transition en vue de combler la vacance créée par la fin de la première tranche de la période de transition instaurée par le Dialogue intercongolais de Sun City. Dans la formation gouvernementale qu'ils avaient formée, Tshisekedi était désigné président de la République et Katebe Katoto, premier ministre mais c'était sans compter sur JP Bemba, Azarias Ruberwa et d'autres détenteurs du pouvoir qui avaient tôt fait d'étouffer leurs velléités. Il y a eu par la suite une sorte de chasse aux sorcières par la traque de tout partisan de cette équipée ; des journalistes avaient même fait les frais de cette intolérance politique (NDLR: notamment l'éditeur de Les Finances, à l'époque reporter au journal Forum des As, et l'éditeur du journal Alerte-Plus étaient assignés à comparution par l'avocat de la République à la demande du gouvernement 1+4, pour avoir publié des articles de presse à ce sujet). Le refus de Tshisekedi de s'aligner au processus électoral de 2006 avait marqué la fin du flirt entre les deux personnalités. En 2011, les deux politiciens ont décidemment senti que l'occasion est bonne pour prendre démocratiquement le pouvoir. Et la stabilité du climat politique renforcé par l'appui des Nations Unies est un gage de sécurité et de transparence du scrutin (le clergé catholique lui aussi vient d'ajouter une énième garantie pour la transparence avec le déploiement, au moment opportun, des 30.000 observateurs dans les 62.000 bureaux de vote). Rassuré par la garantie de transparence et d'élections crédibles, le Katangais Katebe Katoto entre avec assurance dans l'arène politique ; il le fait après avoir évalué mûrement la situation. Il n'est pas stupide pour prendre des décisions irréfléchies.
KATEBE KATOTO TRACTE TSHISEKEDI
Les pas effectués par Katebe Katoto dans cette arène sont aussi éclairés comme un lampadaire au milieu de la nuit. Le premier acte est relatif à la tournée de Tshisekedi au Katanga le mois de juillet dernier. Les leaders locaux qui attendaient rendre gorge au président de l'UDPS lors de son arrivée se sont étonnamment assagis, aucune action de contrer l'événement, aucun discours hostile : Tshisekedi est entré et sorti de Katanga et de Lubumbashi, la ville la plus tribale du pays, comme Daniel dans la fosse aux lions. Deuxième acte signé Katebe Katoto l'accueil à Lubumbashi le leader de l'UDPS a reçu un bain de foules comme nul autre avant lui. Et ce n'était pas factice puisque la mobilisation s'était faite par téléphone arabe, de bouche à l'oreille. Et de la manière où cette mobilisation s'était opérée, il faut être aveugle pour ne pas voir qu'elle a été l'oeuvre d'une personne ou des personnes respectées et écoutées de la ville. Depuis cet accueil, l'on comprend l'éloignement de la scène politique de certains leaders politiques katangais qui semblent vouloir ne plus ouvertement s'afficher, craignant l'éventualité du changement du pouvoir après le 28 novembre prochain. Leur logique est simple : ne faisant aucun bruit, on est oublié ; et mieux cela vaudra.
Troisième acte de Katebe Katoto, les fréquents voyages de Tshisekedi en Europe. D'aucun mal inspiré s'imagine que c'est pour villégiaturer. Qu'on se détrompe : Tshisekedi y renforce ses appuis extérieurs. Et c'est dans ce contexte et dans les perspectives de partage des responsabilités dans le futur gouvernement, une fois leur candidat élu, que Vital Kamerhe, JP Bemba, Léon Kengo wa Dondo et les autres acceptent finalement de cautionner Etienne Tshisekedi comme le candidat commun et unique de l'opposition. Là encore, les sources soutiennent que ce changement subit de position de ces leaders politiques réfractaires au début est le résultat des efforts croisés de Katebe Katoto et des milieux occidentaux ; les mêmes efforts qui ont aussi poussé Etienne Tshisekedi à développer depuis le début du processus électoral un discours rassembleur et fédérateur, un discours qui tranche avec sa personnalité jadis acariâtre et vindicative. Tout cela a un coût, payé rubis su l'ongle par le richissime katangais. Cependant, le soutien des milieux affairistes occidentaux affiché en faveur d'Etienne Tshisekedi porté par les milieux belges, est une entorse aux tractations politiques fort engagées avec les Anglo-saxons qui eux lui préféraient Léon Kengo wa Dondo. Cet ancien procureur générai de la République et actuel président du Sénat est perçu comme élément régulateur des situations structurelles de la RDC.