Monday, September 19, 2011

Fwd: [congocitizen] Et si Kinshasa s’embrasait un jour …

 
From: NICO KADIMA <bakambu@gmail.com>
Date: 2011/9/20
 

Incendies en cascade

Et si Kinshasa s'embrasait un jour …  Par Freddy Monsa Iyaka Duku

En l'espace d'un mois, deux grands incendies ont été déclarés à Kinshasa. Avec dégâts matériels très importants et mort d'hommes. En passant, d'autres petits incendies ont été signalés ci et là dans certaines communes de la capitale. A voir la promiscuité très prononcée dans laquelle les populations vivent d ans certains quartiers, plus proches des pipelines, Kinshasa pourrait s'embraser un jour.

Il y a de cela un mois, le dépôt central des médicaments et produits pharmaceutiques a pris feu. Le ministre de la santé qui est descendu sur place n'a pu que constater que des dégâts matériels très importants. Plus d'un million de dollars de médicaments et produits pharmaceutiques partis en fumée. Plus grave, la RDC risque de connaître une pénurie de médicaments, et ce sont des provinces qui seront fortement affectées dans la mesure où elles sont approvisionnées à partir de Kinshasa.

Pas plus tard qu'il y a deux semaines, en pleine nuit, un autre incendie, d'une ampleur tout aussi considérable, est signalé dans les installations du Port Baramoto, dans la commune de Gombe, aux abords du Fleuve Congo. Là également, l'on a déploré des dégâts matériels très importants. Plus particulièrement les marchandises manufacturières entreposées pour être acheminées à l'intérieur du pays. Tout a été calciné. Y compris une personne surprise dans son sommeil par la violence des flammes. Les enquêtes sont en cours pour déterminer les causes réelles des origines de ces incendies accidentelles ou criminelles. Aucune piste n'est à sous-estimer et les conclusions des enquêtes sont très attendues en cette période électorale. Soit.

Quelques jours auparavant, juste de l'autre côté de l'avenue Bobozo, dans le quartier Paka Djuma, un squatter où plus de 10.000 personnes vivent dans une promiscuité incroyable, certaines baraques avaient pris feu. Encore des dégâts matériels importants, plusieurs personnes sont maintenant sans abri. Le bourgmestre de la commune qui s'est rendu sur place n'a eu des yeux que pour constater des dégâts, lire la désolation. Tous les propos qu'il a tenus pour tenter d'expliquer les circonstances du drame n'ont affligé que davantage les victimes.

Deux incendies d'une ampleur considérable qui soulèvent autant de questions sur ce qui pourrait advenir un jour dans cette ville de Kinshasa de plus en plus surpeuplée. Au fait, bien avant ces deux cas, l'on a déploré d'autres incendies dans plusieurs quartiers de la capitale. Des maisons brûlées, des personnes décédées à Matete, Bandalungwa, Kalamu… pour avoir oublié une bougie allumée. La flamme a commencé par atteindre un tissu de vêtement ou un objet en plastic avant que la maison et celles des voisins ne prennent feu. Tout se passe tellement vite que lorsque des pompiers débarquent sur les lieux, il est trop tard. Le feu a déjà fait ses ravages pour ne laisser que des cendres, des pleurs et des gémissements.

La promiscuité

La crise de logements, la surenchère des loyers, la non prise en charge des familles éprouvées des militaires ont engendré une situation sociale explosive. Un véritable cocktail détonant à la moindre étincelle.

Une situation de promiscuité a vu le jour avec la dégradation au quotidien des conditions sociales et humanitaires. Au-delà de la dépravation des moeurs, l'on assiste à des raccordements frauduleux ou clandestins, c'est selon, aux installations de la SNEL et de la Régidéso. D'où, à la moindre défaillance technique, un court-circuit aidant, ou le vol d'un câble de raccordement par des inciviques comme c'est courant ces derniers mois, l'incendie est vite arrivé, se propageant comme une traînée de poudre. Dans l'hypothèse, des pluies torrentielles précédées par des tuyaux d'eau troués, les campings en carton cèdent devant la montée fulgurante des eaux, et c'est l'inondation avec ses corollaires de dégâts : propagation des maladies endémiques et épidémiques…

D'autre part, le banditisme urbanistique a aggravé cette situation. Dans cet élan de survie, des quartiers entiers sont transformés en prolongement des marchés publics. C'est le cas principalement du Marché central de Kinshasa.

Aujourd'hui, des avenues Rwakandingi, Lowa, Kato, Luvua, Lac Moero, Itaga, Tshuapa, Mbomu, Usoke, Kilosa… pour ne citer que celles-là, ont perdu une bonne partie de leurs tronçons. Elles sont amputées dans des parties comprises entre l'avenue Kasa-Vubu et Kasaï, dans les communes de Kinshasa et Barumbu. Des magasins, des échoppes ont poussé comme des champignons pendant que de nouveaux riches ont acheté des parcelles pour ériger des magasins. Le tout dans un espace très étroit à telle enseigne que ceux qui ont quitté Kinshasa dans les années 80 ne vont plus se retrouver en se rendant dans ces lieux. D'ailleurs, les véhicules n'ont plus accès dans ces tronçons si ce n'est que ceux qui viennent déposer des marchandises, souvent à des heures tardives.

Dans ces lieux, le moindre court circuit est difficile à maîtrisé tant l'accès au lieu du drame pose problème. Même si les services anti-incendie peuvent y parvenir à temps, ils éprouveront d'énormes difficultés pour limiter des dégâts. Surtout quand on sait qu' ils disposent d'une logistique insuffisante avec du matériel moyenâgeux, des véhicules souvent en panne sèche, sans oublier les caprices de la Régideso qui prive de nombreux quartiers d'eau, l' opération de sauvetage est vouée d'avance à l' échec.

Situation de promiscuité très avancée dans les environs du Marché central, même paysage autour des marchés Gambela, Wenze ya Bayaka, Kalembelembe … La menace d'une catastrophe est omniprésente.

Menace autour des marchés, menace le long des pipelines. L'on construit partout dans une insouciance écoeurante et révoltante. Si le salon de sa maison ne se trouve pas sur le grand tuyau d'évacuation des matières fécales, il est juste à côté des tuyaux conducteurs des produits pétroliers. A deux reprises, les habitants de Masina ont vécu des scènes dramatiques identiques à celles du Nigeria, avec des pipelines troués avant de prendre feu. Aujourd'hui, les travaux de modernisation des infrastructures routières peuvent être accompagnés des surprises de mauvais goût. Elles pourraient se produire si jamais les entreprises de construction ne travaillaient pas en étroite collaboration avec la SNEL, la Régideso et SEP - Congo.

Tout se passe déjà comme dans ces lieux très historiques à cause de leurs drames, à Manille, aux Philippines, dans des marchés des pays ouest-africains et nous en passons.

Il est temps que les autorités tant provinciales que nationales se ressaisissent. Car, un jour, Kinshasa pourrait s'embraser.