Thursday, September 06, 2012

La Francophonie se tiendra en RDC dans un climat politique et sécuritaire exécrable / AGORAVOX

FRANCOIS HOLLANDE FAIT HONTE AUX FRANCAIS

...après des années de négociations [ RDC-RWANDA ], de trahisons et de
révélations, il s'avère que Joseph Kabila et Paul Kagamé sont plutôt »
amis « [3], en dépit des hostilités entretenues entre leurs
populations et leurs armées respectives. Une complicité qui se traduit
par l'installation des agents rwandais à des postes de responsabilité
dans l'armée et l'administration. On a pu penser un moment que
François Hollande ne devrait pas se rendre à Kinshasa pour éviter de
froisser le Rwanda avec qui Paris entretient des relations difficile.
Il n'en sera rien parce que les Rwandais, il les trouvera à Kinshasa.
Ils sont au coeur du régime de Joseph Kabila, ce qui est plutôt
rassurant sur le plan diplomatique, du côté de Paris, mais pesant dans
l'opinion congolaise. D'où des préoccupations en matière de sécurité,
cette situation confuse venant s'ajouter à la crise politique et aux
affrontements armés dans le Kivu. Il a été question, à un moment, de
délocaliser le sommet vers un pays à peu près sûr.
Sur le plan politique, l'espoir d'un changement par des moyens
démocratiques n'est plus de mise La répression menée depuis novembre
2011 pour garantir le maintien du Président sortant au pouvoir se
poursuit. Les opposants proches de l'UDPS d'Etienne Tshisekedi sont
l'objet d'arrestations et d'agressions parfois physiques. L'un d'eux,
le député Eugène Diomi Ndongala, est porté disparu depuis le 27 juin
et serait, selon ses avocats, illégalement détenu dans les locaux de
l'ANR (service de renseignement). Le régime fait, depuis, courir une
rumeur scabreuse sur sa personne en l'accusant de viol. Ses proches
redoutent qu'il subisse le même sort que celui des militants des
droits de l'Homme Floribert Chebeya et Fidel Bazana[4] assassinés par
un commando de policiers (bataillon Simba) aux ordres d'un très proche
du Président, le Général John Numbi, un » intouchable » que la justice
n'arrive même pas à inquiéter. Aux dernières nouvelles, on apprend que
le député Diomi Ndongala serait décédé et que ses proches sollicitent
l'aide de la France, notamment, pour que le régime concède à restituer
la dépouille à sa famille.
Le sommet de la francophonie va donc se tenir dans un pays où règne un
climat politique et sécuritaire exécrable. Madame Yamina Benguigui,
Secrétaire d'Etat à la francophonie et très impliquée dans la tenue du
sommet à Kinshasa, malgré la réprobation de l'opposition et des ONG, a
subi des menaces de morts.
Personne ne sait s'il faut les prendre au sérieux, mais du sang
français a déjà coulé dans ce pays, et pas de n'importe qui[5]. A la
lumière de ce tableau, il était hautement souhaitable que la France
s'engage aux côtés du peuple congolais pour l'aider à pousser le
régime de Joseph Kabila vers la sortie. Pas nécessairement en envoyant
des troupes comme en Côte d'Ivoire, mais en prenant ouvertement
position pour le changement. Aller adouber un tel régime revient à
prolonger inutilement l'agonie d'un peuple sachant que les intérêts
légitimes de la France seraient de toute façon préservés, voire
bonifiés, en cas d'arrivée au pouvoir à Kinshasa des dirigeants acquis
à la démocratie. Les Occidentaux ont traité avec le régime d'apartheid
en Afrique du Sud mais réalisent des
affaires bien meilleures aujourd'hui avec les dirigeants issus des
luttes de Nelson Mandela. En réalité, le cynisme de la realpolitik
n'est pas une fatalité. En fin de compte, on réalise qu'il y a
toujours plus à gagner dans un système démocratique, où le respect des
droits de l'Homme est garanti et où les dirigeants s'efforcent
d'assurer une redistribution juste des richesses du pays au profit de
leurs populations.
CCN/AgoraVox