Thursday, September 29, 2011

Kinshasa: Une milice du PPRD attaque les journalistes et les membres de l' UDPS


POLITIQUE NATIONALE

Kinshasa sous haute tension

PPRD et UDPS en corps à corps

Par  Le Potentiel


Les craintes se sont confirmées. La confrontation entre les éléments de l'UDPS et ceux du PPRD a bel et bien eu lieu hier jeudi. Dans un élan de provocation pour conduire certainement à un suicide collectif, le télescopage entre les deux cortèges a fait monter la tension dans la ville de Kinshasa. L'épreuve de force, sur fond de jets de pierres et de recours à l'arme blanche, n'a pu être évitée. La Police est intervenue à coups de bombes lacrymogènes et de tirs de sommation pour disperser les belligérants. On déplore des blessés. Parmi eux, des journalistes agressés dans l'exercice de leurs fonctions. Des cameramen brutalisés, l'outil de travail arraché et confisqué. Le schéma ivoirien serait en marche.



La marche des combattants de l'UDPS et ses alliés, organisée hier jeudi 29 septembre à Kinshasa, a été dispersée par les éléments de la Police nationale congolaise (PNC).
Les manifestants n'en étaient qu'au début du trajet quand ils se sont vus intercepter devant une barrière de la police au sortir de la 10 ème rue Limete résidentiel, sur le boulevard Lumumba, point de départ de la marche.



Les forces de l'ordre n'ont pas hésité, face à la détermination et au bras de fer qui semblait s'engager, à recourir aux gaz lacrymogènes et à des tirs de sommation.
Un peu plus loin au niveau de la 7ème rue Limete, à la Place commerciale, des scènes d'horreur ont été perçues. Des inconnus, munis d'armes blanches (machettes, bouteilles et pierres), se sont interposés sur la voie pour barrer la route aux partisans de l'UDPS et alliés qui avaient réussi à dépasser la barrière policière de la 10ème rue.



Des jets de pierres ont opposé ces deux camps. Et comme par surprise, la presse n'a pas été la bienvenue à ce rendez-vous du jeu de la mort. Des journalistes ont été molestés. Leur matériel de travail saisi ou carrément détruit. Cela a été le cas d'un confrère de RFO-AITV, John Nkikendo, qui s'en est sorti avec des blessures après qu'il a reçu une bouteille sur la tête. Il en est de même du cameraman Pathy Alume du Groupe de presse Le Potentiel/Télé 7. « J'ai été appréhendé par des sportifs armés de machettes et de bouteilles, à l'arrêt de bus de la 6ème rue, où j'attendais le taxi pour regagner ma rédaction. Ils m'ont repéré par la camera que j'avais en main. Mon péché était de les avoir filmés avec ces armes blanches pendant les affrontements. Ils m'ont conduit de force dans l'enceinte du siège du PPRD situé à la 6ème rue Limete industriel. Et là, deux choix m'ont brutalement été proposés pour reprendre ma liberté et mon matériel de travail. Celui de leur remettre la cassette que je venais d'enregistrer, soit d'effacer les enregistrements sur-le-champ. J'ai opté pour la seconde, et c'est dans ces conditions que j'ai été libéré», témoigne-t-il.



Le point de presse de l'UDPS
Au cours d'un point de presse tenu à Gombe hier jeudi après ces incidents, le secrétaire général de l'UDPS, Jacquemain Shabani Lukoo, et les autres leaders de l'Opposition qui soutiennent la candidature d'Etienne Tshisekedi, ont condamné cette répression qu'ils ont qualifiée de «barbare» de la part des éléments de la police et de ceux qu'ils identifient comme «milice» du pouvoir en place. «L'UDPS n'entend pas baisser les bras pour obtenir l'audit du fichier électoral. C'est pourquoi, le jeudi 6 octobre prochain, nous serons encore dans la rue pour poursuivre nos revendications», a affirmé le secrétaire général de l'UDPS joint au téléphone.



Par ailleurs, Jacquemain Shabani a déploré de nombreuses arrestations de ses combattants. Il est même fait état de l'interpellation de quelques leaders de l'Opposition.



La réaction du PPRD
De son côté, le président de la Ligue des jeunes du PPRD, Francis Kalombo, contacté par téléphone, a dit que les jeunes de sa ligue se sont défendus. «Ce sont des militants du PPRD qui sont sortis de notre siège de la 6ème rue. Et ce sont les militants de l'UDPS qui les ont attaqués en premier. Ils n'ont fait que se défendre».



Accusé d'être à la tête d'une milice en pleine capitale, Francis Kalombo répond : «Shabani est aussi à la tête d'une milice à Kinshasa et nous, nous ne faisons que nous défendre. Ils avaient des flèches empoisonnées, ce sont des miliciens. Et vous savez ce qu'ils font à chaque descente dans la rue ? Des cocktails Molotov et autres matériels à causer des dommages. Shabani et Tshisekedi sont à la tête d'une milice. Pour preuve, Tshisekedi leur a demandé de le conduire au pouvoir à partir du 6 décembre 2011».



Quant à la suite de sa démarche, celle de déposer un mémorandum au siège de l'UDPS, Francis Kalombo dit ne pas désarmer : «Nous avons été stoppés au niveau de la 7ème rue par la police. Nous parviendrons à déposer notre mémo à l'UDPS comme elle aussi tient à parvenir au dépôt de son mémo à la CENI».
Par ailleurs, le président de la Ligue des jeunes du PPRD regrette que l'UDPS ait choisi le même jour qu'eux pour leur manifestation. «Recourez aux sources de l'Hôtel de ville, nous avons été le premier à déposer la demande de notre manifestation», explique-t-il.
La question est celle de savoir pourquoi ces deux camps choisissent le même jour pour manifester. Pourquoi l'autorité de la ville ne fait-elle pas comprendre le danger d'une telle obsession ? L'élégance est l'art de la politique. Les uns et les autres devraient s'incliner devant l'exigence de la liberté d'expression, sans entrave.



Une question en appelant une autre. Depuis quand l'UDPS est-elle devenue une institution pour que le PPRD tienne absolument à aller déposer un mémorandum à son siège ?
L'on est là en face des protagonistes qui ont certainement peur des élections et s'activent à les contourner. La violence de ce jeudi 29 septembre plante le décor du pire à venir. Le schéma ivoirien est bel et bien en marche.