Friday, September 25, 2009

Bukavu: Nouvelle Lettre a Kabila (l’Antenne Libre ASFCO)

La question de la Paix dans l'est de la RDC

ne se réglera jamais par les armes

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C'est à l'occasion de la JOURNEE INTERNATIONALE DE LA PAIX célébrée hier 21 septembre 2009 que l'Antenne Libre ASFCO a adressé une lettre au président de la République Démocratique du Congo, Son Excellence Joseph KABILA KABANGE, à Kinshasa – GOMBE / RDC

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KIVU: Nouvelle Lettre a Kabila (l'Antenne Libre ASFCO)
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Excellence Monsieur le Président de la République,

En ce 21 septembre 2009 où le monde entier commémore la Journée Internationale de la Paix, il nous est apparu utile et opportun de nous adresser à votre excellence pour exprimer patriotiquement et conformément à la constitution et autres principes fondamentaux, garantissant la liberté d'expression et de pensée, ce qui nous tient au cœur.

Excellence,

La République Démocratique du Congo, notre pays, le pays de nos pères, est en proie à une grave crise multidimensionnelles dont les contours des causes restent toujours fous et dont les conséquences sont plus que catastrophiques et désastreuses pour nous les filles et fils de ce grand et beau pays, nous légué par nos ancêtres au prix de leurs vies.

Depuis 1996, notre pays connaît une guerre interminable et aux conséquences calamiteuses ayant déjà entrainé plus de cinq millions de morts innocents. Le conflit armé que connaît notre pays est l'un de plus grand que n'a jamais connu le monde depuis la deuxième guerre mondiale, et nous espérons que vous en êtes convaincu autant que nous.

Ce cycle infernal de conflit que connaît notre pays joue négativement sur le développement de celui-ci. Nos richesses sont illicitement exploitées, volées et pillées tant par les armées étrangères qui ont et continuent à garder une mainmise sur plusieurs sites miniers, mais aussi par nos propres forces armées, les FARDC qui s'attribuent des carrières minières entières au nord et au sud – Kivu, et des brigades, en complicité avec certains officiers supérieurs et généraux, participent aussi au pillage et exploitation illicite de nos ressources minières.

Il suffit de jeter un coup d'œil sur le rapport de GLOBAL WITNESS de juillet 2009, intitulé « FACE A UN FUSIL, QUE PEUT-ON FAIRE ? » pour s'en convaincre davantage, et espérons que vous avez certainement eu à le parcourir si pas vous-même en personne même par le biais de vos nombreux services et collaborateurs.

Des grandes firmes internationales tirent grandement profit de ce commerce illicite de nos minerais contribuant ainsi considérablement à l'essor économique des pays dans lesquels elles sont implantées, notamment la Belgique, le Royaume Uni, l'Australie, la Thaïlande, pour ne citer qu'une partie.

Que fait le gouvernement face à tout cela ?

Excellence,

Pensez vous, vraiment, avec toute votre conscience, que ces multinationales et ces pays qui tirent profit de ce commerce illicite occasionné par des guerres seront-ils un jour prêts à voir une paix stable et véritable se rétablir en RDC en général et à l'Est en particulier ? Cela n'est pas évident, nous semble –t –il.

Excellence,

Vous êtes convaincu au tant que nous que les conflits armés à l'Est de notre pays ont plusieurs contours et causes. La présence des éléments hutu de FDLR, dont certains ont participés au génocide contribue, certes, à ce climat de violence armée. Il nous semble aussi qu'au delà de cela, il y aurait d'autres motivations, entre autre c'est notamment l'épineux problème d'exploitation et de commerce illicite de nos minéraux qui avec votre entière complicité et consensus se joue sur le sol sacré de notre grande nation.

Au delà de cela, nous ne devons pas perdre de vue que certains de nos pays voisins, à l'occurrence le Ruanda, l'Ouganda, le Burundi et l'Angola, appuyés par des occidentaux, ont des visées expansionnistes et d'occupation de certaines parties de notre territoire national. Le différend avec l'Angola sur une portion de notre territoire en province de Bandundu et Bas-congo (affaire Kahemba), le différend avec l'Ouganda sur la délimitation maritime sur le lac Albert, regorgeant du pétrole, et voire terrestre au poste frontalier de MAHAGI, et le différend du Kivu avec le Ruanda, sont parmi tant d'autres faits, trop documentés, qui soutiennent notre thèse.

Excellence,

Le monde entier célèbre en ce 21 septembre de chaque année la journée internationale de la paix, une journée particulière pour penser et proclamer à haute fois, encore une fois, que nous voulons la paix et que dans nos territoires de l' Est de la RDC il nous faut vivre en paix pour que le progrès et le développement y règnent pour tous.

Permettez nous, Excellence Monsieur le Président, de vous poser cette question : La République Démocratique du Congo, notre pays, est il en PAIX ? La population congolaise vit-elle la paix et en Paix ?

Certainement, conscient de la situation, vous répondrez par la négative comme nous. Car malgré les efforts de conférences, de médiateurs, de session, nous devons vous avouer l'échec complet dans ce domaine de toute la classe politique de notre grand Congo. Nous manquons d'un leadership compétent et dévoué, capable de gérer, de guider, et d'administrer.

Excellence,

Le cri de la population congolaise dans son ensemble et celle de l'est en particulier, continue à s'élever sans cesse. Cette population, qui pour votre rappel, sans son vote massif en votre faveur, vous ne serez pas président de la république aujourd'hui, a besoin de la paix, une paix durable et réelle et non une paix théorique, une paix que vous, nos dirigeants, prétendez avoir rétablis, mais qui n'est pas visible dans ses fruits de sécurité et de justice.

Nous n'avons pas la paix, nous sommes tué du jour au lendemain tant par les FDLR que par les FARDC et de nombreux autres groupes armés éparpillés dans nos forets et sur nos collines. Nos femmes, nos filles, nos mères sont systématiquement violées en leur transmettant volontairement le VIH Sida, n'est ce pas là une autre forme de guerre ? N'est pas là une intention manifeste de nous exterminer davantage ? Et vous, vous êtes là pour regarder seulement, sans intervenir, tout en sachant qu'une partie de vos frères et sœurs sont massacrés et éliminés.

Excellence,

Dans des situations pareilles de laisser faire, de non interventions, nous aussi maintenant nous nous posons la question, qui depuis votre mandat circule partout dans le monde, celle concernant votre identité et votre nationalité.

Cette femme qui est violée nuit et jour dans nos villages, par les FDLR , des militaires qui se disent armée régulière, c'est une femme à l'instar de votre chère mère, de votre chère et aimée épouse, de vos sœurs et de votre propre fille que vous aimez tant, vous implore et vous dit : « De grâce, Président Kabila, faites quelque chose pour arrêter ce fléau qui prend de plus en plus de l'ampleur. »

Excellence,

Nous saluons votre détermination et acharnement à rétablir la paix dans la partie orientale de notre pays, merci et nous vous encourageons. Toutefois, permettez nous de vous dire clairement que les méthodes et autres voies préconisées pour cette fin sont insuffisantes et voire inappropriées.

La question du conflit de l'est, nous ne cesserons de vous le dire, ne se réglera jamais par les armes.

L'épineuse question de la présence des rebelles hutus de FDLR ne se résoudrait jamais par voie armée, vous êtes certainement conscient de cette évidence.

L'échec de toutes les opérations amorcées jusque là, dont la fameuse opération conjointe entre FARDC et RDF, « UMOJA WETU » dont les mobiles et les contours qui ont prévalue à sa mise en place demeurent jusqu'à ce jour non élucidés, les opérations RUDIA, KIMYA I, KIMYA II, etc. en est une illustration patente. Dans toutes ces opérations, vous le savez mieux plus que nous, ce sont les civils et innocents qui payent le lourd tribu, plus d'un millions de paisibles compatriotes obligés de fuir la mort et autres exactions, des réfugiés dans leur propre patrie, cela ne vous dit rien.

De grâce alors, sachez avouer publiquement, devant cette population qui vous a bien voulu Président et Chef de cette nation congolaise, que toutes ces opérations n'ont été qu'un grand échec et une manière de détourner notre attention des vrais problèmes de la République.

Excellence,

Depuis le début de toutes opération de traque des FDLR, vos services seraient ils en mesure de nous dire combien d'éléments rebelles hutu ont été capturés et ramenés dans leur pays ? Combien sont ils réellement sur notre terre ?

On ne résous pas un problème en a créant d'autres, beaucoup plus complexes que celui qu'on veut résoudre. Les FDLR continuent, en dépit de toutes les opérations contre eux, à tuer, à violer, à incendier nos villages, à enlever nos frères et sœurs. Tout ce qui se passe en ces jours dans la plaine de la Ruzizi, à Uvira, dans l'Urega à Mwenga et Kamituga, au Nord Kivu, ne vous dit rien ? Déloger les FDLR d'une ou autre localité, sans en capturer un seul, c'est juste vouloir transformer notre partie orientale en un véritable Afghanistan de l'Afrique. Et tout cela pour les seuls motifs d'argent, de pouvoir, et d'exploitations sans limites.

Excellence,

La problématique FDLR est une question aux dimensions tant régionales qu'internationales. Nous vous prions de vous saisir du dossier à bras le corps et ce n'est que par une diplomatie véritablement agissante et par des fortes pressions sur le gouvernement ruandais afin que celui – ci facilite et crée les conditions favorables d'un retour harmonieux de ses citoyens qui, faut il le rappeler encore une fois, ne sont pas tous génocidaires.

Exercez aussi des fortes pressions sur les Etats, ces mêmes Etats qui vous gâtent avec des milliards de dollars de prêts ou de dons, afin qu'ils puissent exercer un véritable contrôle sur les firmes et multinationales se trouvant sur leur sol et qui alimentent et sont la principale cause du conflit armé que connaît notre cher pays.

Excellence,

C'est avec grande joie que nous avions salué votre courage et détermination à combattre les antis valeurs dans notre société, en instaurant ce qui est devenu, après « fini la récréation », un véritable slogan de tous nos dirigeants, « TOLERANCE ZERO », nous vous en félicitons.

Toutefois,, permettez nous, de vous exprimer notre crainte quant à la manière dont cette tolérance zéro est en train de s'appliquer. Nous voulons bien nous débarrasser de tous les maux et vices qui gangrènent notre société, mais aussi nous voudrions que tout le monde soit traité de la même manière et non une tolérance zéro pour une certaine catégorie de personne et quand il s'agit de l'autre catégorie on est prêt à fermer l'œil et l'oreille.

Nous voulons une tolérance zéro à tous les niveaux, en commençant par votre propre entourage personnel, par le gouvernement, les gouvernements provinciaux, les députés et sénateurs, les grands richards de ce pays. Tolérance zéro aussi pour les officiers supérieurs et généraux qui en toute impunité détournent les fonds et autres rations destinées à ces pauvres militaires condamnés à croupir de faim et à mourir dans une guerre dont ils ne connaissent ni les tenants ni les aboutissants.

Tolérance zéro pour ces officiers généraux et supérieurs de l'armée nationale impliquées dans les graves crimes de guerre et crimes contre l'humanité, à l'instar des massacres de MAKOBOLA et des massacres de la population à Kisangani. Tolérance zéro pour ces rebelles, sous la conduite du tristement célèbre et encombrant général NKUNDA BATWARE et ses acolytes, qui ont mis à feu et à sang la ville de Bukavu, qui ont sommairement tués de milliers de civils innocents à KIWANJA et dans d'autres territoires sous leur contrôle au nord Kivu.

Nous sommes convaincus que vous, Monsieur le Président, connaissez bien tout cela et vous connaissez aussi toutes ces personnes qui ont commis de tels horribles actes. Et bien, ces gens doivent pouvoir répondre devant les instances judiciaires compétentes du mal qu'ils sont commis. Et cela, autre à n'admettre pas des renvois, ni des tergiversions, vous oblige à intervenir le plus tôt possible pour déraciner ce mal qui ronge inexorablement toutes les institutions de la République.

Excellence,

Lutter contre l'impunité (tolérance zéro) tout en promouvant une justice équitable valide pour tous, voila ce l'Antenne Libre ASFCO rêve le jour au jour sans cesse. La loi est égale pour tous. Laisser en liberté les auteurs des graves violations des droits de l'homme tout simplement par ce que nous avons besoin de la paix, n'est pas la solution. En agissant comme ça quels modèles donnez-vous à notre jeunesse ? La paix et la justice pour les victimes vont toujours de paire. Livrez donc le général Bosco NTAGADA à la cour pénale internationale pour qu'il réponde de ses actes et faites arrêter tous les autres auteurs et complices de graves violations de droits de l'homme et des pillages de nos ressources qui se promènent librement sur les rotes de nos régions de l'Est. Il y a beaucoup de listes qui circulent partout avec noms et prénoms, adresses et numéro de téléphone et nous espérons que vous en êtes en pleine et consciencieuse connaissance.

La population de l'est attend réparation de tous les préjudices qu'ils ont subis. Les cinq million de morts innocentes crient que justice leur soit rendue et que la Nation leur soit reconnaissant.

Excellence,

Nous ne pouvons pas terminer ce message sans vous dire un mot sur le processus de normalisation des relations en cours entre notre pays et les pays voisins, notamment ceux de la CEPGL et l'Ouganda. Nous saluons ces démarches et vous en félicitons. Toutefois, permettez nous de vous dire une chose, qu'à notre modeste manière de voir les choses semble être très capitale. Les armées ruandaises, ougandaises ont suffisamment causé de graves préjudices au peuple congolais, vous en savez peut être plus que nous, et ces préjudices doivent à tout prix être réparés auprès de toutes ces personnes et institutions qui en sont victimes.

Faites tout, Monsieur le Président, avec votre légitime gouvernement, pour amener nos pays voisins, le Ruanda, l'Ouganda, le Burundi, qui ont pillé et continuent à piller nos ressources, qui ont occasionné la mort de plusieurs millions de nos communs compatriotes, qu'ils réparent leur torts.

Le Ruanda, pour prendre un cas, s'en prend jusqu'à ce jour à la France et veut des réparations à la suite du génocide, pourquoi le Congo ne doit il pas réclamer aussi des réparations auprès de ce pays pour tout le mal nous causé? La ville de Bukavu et ses habitants en sont les témoins plus fiables.

Normalisation des relations ; oui, mais il faut aussi un préalable à tout cela. Ces pays agresseurs devraient avant toute chose reconnaitre leurs crimes et demander officiellement pardon au peuple congolais en s'engageant officiellement à réparer tous les dommages qu'ils nous ont causé et renoncer aussi officiellement et solennellement à leurs visées expansionniste.

Excellence,

La RDC c'est une grande Nation avec beaucoup de potentialités. Notre pays ne doit plus continuer toujours à s'incliner devant les pressions internationales. Nous devons à un moment être capables et en mesure de dire non à certaines pressions et à faire prévaloir nos droits et exigences. Aucun congolais, ne s'en prendra à votre excellence, tout simplement parce que vous avez dit non à telle ou telle pression d'où qu'elles viennent et sont contre les intérêts du Congo, soyez en sur, car c'est alors que vous aurez nouement toute notre confiance.

Excellence,

Le peuple congolais attend la paix, une paix qui n'est pas seulement, celle où les armes ne crépitent pas, mais une paix réelle, où les gens mangent à leur faim, les jeunes ont accès facile à l'éducation, les enseignants et autres fonctionnaires de l'Etat sont bien payés, la population à accès facile aux soins de santé primaire, et nos routes soient capables de nous faire arriver les vivres.

C'est sur ces souhaits plein d'espoir, que nous ne mettons point à notre message patriotique et fraternel et nous vous remercions d'avoir pris de votre précieux temps pour nous lire et nous écouter dans l'espoir que vous en tiendrez compte.

Nous vous prions de recevoir, excellence Monsieur le Président de la République, l'expression de nos sentiments patriotiques.

Fait à Bukavu, ce 21 septembre 2009

Pour l'Antenne Libre ASFCO

Me Jean Chrysostome KIJANA

Président