Sunday, December 18, 2011

Kabila et 200 millions de dollars voles au Japon

Escroquerie de Tokyo à Kabila via Bruxelles
 
La Banque centrale congolaise devant la justice bruxelloise
(La Libre 17/12/2011)


La Banque Centrale du Congo devra comparaître le 18 janvier devant le tribunal correctionnel de Bruxelles dans une affaire de détournement et blanchiment, a indiqué le parquet de Bruxelles, Jean-Marc Meilleur, rapporte samedi De Tijd. La chambre des mises en accusation de Bruxelles a renvoyé récemment la banque centrale définitivement devant le tribunal correctionnel. Jean-Charles Okoto, un ex-ministre congolais et ancien ami du président congolais Joseph Kabila, se trouve sur le banc des accusés, tout comme la banque belge Belgolaise, précise le journal.

L'affaire concerne principalement le détournement et le blanchiment de 80 millions de dollars. La justice bruxelloise a été avertie en janvier 2003 des transactions d'argent suspectes après une information de la cellule anti-blanchiment.

 

Judiciaire

Secte: de Tokyo à Kabila via Bruxelles

Roland Planchar

Mis en ligne le 12/12/2003

Un Japonais de «Kashin» a été arrêté à Bruxelles où il blanchissait de l'argent, destination Congo-Kinshasa. A l'origine, une escroquerie de 200 millions de dollars.

La Ctif (Cellule de traitement des informations financières), le juge d'instruction Michel Claise (Bruxelles) et le SJA de la capitale (section DR 5, soit les finances) ont levé puis traité avec ténacité une étonnante et difficile nouvelle «affaire» de blanchiment d'argent. Tout ne va pas mal dans la justice...

Cette affaire aurait des proportions considérables, avons-nous appris jeudi, jour où le magistrat a délivré un mandat d'arrêt à l'encontre de N., un homme d'affaires qui serait surtout le lieutenant du chef de «Kashin», un groupe japonais présenté comme une secte aux ramifications internationales, Riichiro Ohashi.

Ce mandat faisait suite à l'interpellation de N., la veille, ainsi qu'à des perquisitions menées au siège belge de Kashin, établi en région bruxelloise. Tout toucherait de surcroît au président de la République démocratique du Congo (Congo Kinshasa), Joseph Kabila. C'est du moins ce que laissent croire des informations confirmées jeudi par le parquet de la capitale: «Le SJA a procédé à l'arrestation d'un ressortissant japonais soupçonné d'être coauteur de blanchiment d'argent sur le territoire belge».

Tremplin vers l'Afrique

La Ctif avait en effet signalé au parquet de Bruxelles, voilà plusieurs mois, que des mouvements de fonds suspects étaient organisés vers l'Afrique au départ de Kashin, avec transit par la Belgique. Il est ensuite apparu, côté justice, que le groupe, disons, sectaire est poursuivi là-bas pour une «escroquerie présumée commise au Japon», la fraude étant «estimée à plus de 200 millions de dollars», chiffre le parquet bruxellois.

En clair: cet argent devait être blanchi en vue d'investissements en Afrique. Or, précisément, N., agissant sur ordre d'Ohashi, était chargé de l'opération via le siège belge de Kashin, du moins partiellement. Combien, sur ces 200 millions? «Des fonds très importants», dit la justice, des fonds «qui ont transité par la Belgique par des mouvements de compte, des changes d'argent et l'achat d'immeubles». Ensuite, ventes et transferts devaient permettre d'investir au Congo.

Où intervient le président? Estelle Arpigny, porte-parole du parquet: ces investissements étaient projetés «notamment par des contrats personnels avec Joseph Kabila». La présence de M.Ohashi a d'ailleurs été signalée au Congo, voilà peut-être une année. D'autres personnalités seraient également concernées, de même d'ailleurs qu'en Belgique.

© La Libre Belgique 2003

Quand les " contrats personnels " de Joseph Kabila avec une secte japonaise exposent la fonction présidentielle à la déconsidération

 

 

 

L'implication vraie ou supposée du chef de l'Etat congolais dans une affaire de blanchiment d'argent instruite à Bruxelles par le juge Michel Claise fait désordre et laissera longtemps une " tâche " en dépit du démenti peu énergique de l'ambassadeur de la RD Congo à Bruxelles.

" Faire disparaître toute preuve de l'origine irrégulière ou frauduleuse d'une somme d'argent ". Telle est la définition du mot " blanchiment ", un terme générique qui recouvre aujourd'hui non seulement les commissions et autre dessous de table mais aussi l'argent en provenance du grand banditisme (drogue, crime de sang, prise d'otage etc.). Joseph Kabila a-t-il reçu des commissions de la part de Ohashi Riichiro, le gourou de la secte japonaise " Kashin " ? Une secte considérée comme dangereuse pour avoir notamment escroqué ses adeptes et sympathisants. Montant de l'escroquerie : plus de 200 millions U$D. La chambre du Conseil du tribunal de Première instance de Bruxelles a confirmé, lundi 15 décembre le mandat d'arrêt délivré à charge de N., un citoyen japonais considéré comme le " numéro deux " de la secte Kashin  pour blanchiment d'argent. Citant le parquet bruxellois, " La Libre Belgique " note qu'il s'agit de " très importants " fonds japonais qui transitent par la Belgique avant d'être investis au Congo, " notamment par des contrats personnels avec Joseph Kabila ". Dans son édition datée vendredi 12 décembre le même journal avait, le premier, annoncé cette nouvelle sous la plume de Roland Planchard. Au cours de l'instruction, l'homme arrêté aurait affirmé avoir cédé d'importantes " commissions personnelles " à Joseph Kabila pour la passation de quelques contrats. Le groupe Kashin aurait des ramifications dans quatre pays, hors Japon. A savoir : la Chine, la Tanzanie, le Congo et la Belgique. Les mauvaises langues ne manqueront pas de s'attarder sur la Tanzanie, pays où plusieurs dirigeants congolais actuels ont gardé des attaches pour y avoir vécu longtemps en exil, Joseph Kabila et Kazadi Nyembwe, l'ex-patron de la Sûreté nationale, en tête. Le week-end du 13, tous les journaux belges se sont jetés sur ce que d'aucuns appellent déjà " l'affaire Kabila ". " Opgepakte superfraudeur gelinkt met président Kabila ", titrait le journal libéral flamand " Het Laatste Nieuws ". Traduction : Le surperfraudeur arrêté était lié au président Kabila.

La langue de bois d'ébène

Dans son point de presse hebdomadaire, jeudi 18 décembre, le porte-parole à la présidence, Mulegwa Zihindula, a opposé un démenti formel aux affirmations selon lesquelles le chef de l'Etat congolais aurait perçu des commissions dans cette affaire de blanchiment d'argent. La main sur le cœur, le chef de la communication présidentielle a dit sa foi dans l'intégrité de son patron ainsi que dans son " abnégation ". Que vient faire alors son nom dans une affaire aussi peu reluisante ?

 

 

 

Je défie quiconque de prouver que M. Kabila ait touché le moindre franc de cet escroc japonais ", fulminait l'ambassadeur de la RD Congo à Bruxelles dans une déclaration publiée dans le quotidien belge " Le Soir " du 13 décembre. Selon Jean-Pierre Mutamba Tshampanga, le gourou de cette secte était bien connu au Congo et que personne n'a traité avec lui. Certains observateurs souhaiteraient voir l'entourage du numéro un congolais se départir de la langue de bois d'ébène en adoptant une vraie " communication de crise " laquelle a pour règle d'or : la vérité. Une vérité que les médias finiront tôt ou tard à mettre à nue. Dans les milieux congolais de Belgique, l'affaire est prise très au sérieux. Dans un communiqué publié vendredi 19 décembre, la représentation au Benelux de l'Union pour la démocratie et le progrès social (Udps) s'étonne  qu' " aucun animateur de la transition n'ose parler de l'affaire " Kashin-Kabila ". Elle s'étonne également du silence de la justice congolaise. Dans les discussions privées certains préfèrent attendre le résultat de l'information judiciaire en cours. " En attendant, dit un juriste congolais, il faut reconnaître à " Joseph " le bénéfice de la présomption d'innocence ". Que va faire la justice belge ? Deux scénarios sont possibles. Primo : l'envoi d'une commission rogatoire à Kinshasa afin de recueillir la déposition de Kabila. Le juge pourrait-il l'inculper  en cas d'existence d'indices graves de participation au blanchissement ? C'est sera un vrai challenge pour la justice belge de démontrer son indépendance face au pouvoir exécutif où l'on imagine que cette affaire est suivie avec une attention soutenue. Dans le bras de fer qui avait opposé Bruxelles et Washington dans l'affaire de la loi à compétence universelle - qui habilitait les juridictions du royaume à connaître tous les crimes contre l'humanité – le monde politico-judiciaire belge dû battre en retraite en vidant ce texte de sa substance pour ne plus subir le courroux de l'hyperpuissance américaine. Plusieurs personnalités américaines, civiles et militaires, étaient en effet, citées devant ces tribunaux y compris George H. Bush Sr. Le peu d'écho accordé à cette affaire de blanchiment par les médias publics de l'ex-métropole (RTBF, VRTN) laisse penser qu'un mot d'ordre serait venu de certaines officines politiques quand on sait que les conseils d'administrations de ces organes de presse sont " dosés " à l'image de la coalition au pouvoir. Et l'actuel chef de la diplomatie belge, Louis Michel, n'a jamais caché tout le mal qu'il pensait des poursuites judiciaires à engager à l'encontre des animateurs de la transition en RD Congo. Selon lui, il faut privilégier la stabilité politique pour permettre au pays de renaître. Deuxième et dernier scénario : Procéder au classement sans suite pour " inopportunité de poursuites ". L'opportunité de poursuite est une règle de procédure qui donne au magistrat du ministère public la faculté de poursuivre ou pas après analyse des avantages et inconvénients. Quel que soit l'issue de cette affaire, il apparaît que l'image de la fonction présidentielle en RD Congo est passablement écornée.

Raoul  Kadima