Par Freddy Monsa Iyaka Duku
Une date à retenir : le 28 octobre 2011. Elle marquera le lancement officiel de la campagne électorale pour les élections 2011. Un mois durant, le pays vibrera au rythme des discours, programmes et promesses électoraux. Et pour joindre l'utile à l'agréable, les spectacles, kermesses et shows à l'américaine, à l'italienne ou à la congolaise, seront au rendez-vous. En attendant, on peaufine les stratégies et on affûte les « armes ». Conséquence ? Le pays est actuellement vidé de ses «poids lourds », candidats à la présidentielle et aux législatives. La plupart, si pas tous sont à l'étranger.
La campagne électorale débute officiellement le 28 octobre pour se clôturer le 27 novembre 2011. Un mois durant, le pays sera quadrillé de toutes parts par ces innombrables manifestations publiques et politiques dans le cadre de la campagne électorale en prévision des élections de 2011.
Les partis et formations politiques sans oublier les forces vives de la Nation, avec en tête leurs candidats et leaders, vont se jeter à l'eau. Ils feront sortir la grande artillerie pour séduire et convaincre leur électorat. Une campagne qui s'annonce riche en couleurs tant les ambitions sont diverses et la pression grande que la campagne électorale précoce a donné le ton. Pour ne pas gâcher la fête et éviter des débordements, les autorités politico-administratives et la CENI ont été contraintes à prendre des mesures conservatoires afin de rappeler tout le monde à l'ordre. Brandissant d'un côté les lois de la République, et de l'autre le Code de bonne conduite, tous les protagonistes ont été conviés à tempérer leurs ardeurs et à s'en tenir à l'essentiel pour des élections apaisées. Ce qui n'a pas empêché ces mêmes protagonistes de continuer à exercer des pressions sur la CENI pour un partenariat adulte en vue des élections transparentes, crédibles et démocratiques. Une façon de dire que chacun doit jouer correctement et honnêtement sa partition pour que les vaches soient très bien gardées.
Centres périphériques
Tout se passe donc comme si le message a été entendu. L'accalmie s'est installée. Serait-ce ce calme qui précède toujours la tempête ? La question demeure posée.
Toutefois, il y a « tempête » et « tempête ». Pas celle qui emporte les toits, déracine les arbres avant de causer dégâts et désolation. Mais cette tempête qui annonce la bonne nouvelle, faite de ce vent qui précède la mousson pour que la moisson soit abondante.
Il est vrai que les élections étant aussi une affaire de passion, la température monte souvent d'un cran. L'essentiel est d'éviter un langage enflammé susceptible de mettre le feu à la case.
L'on n'est pas encore à ce stade. Il s'agit maintenant de peaufiner les stratégies et tactiques pour bien se lancer dans la danse. L'on observe ainsi depuis la semaine passée, des va et vient hors des frontières nationales. A tel point qu'aujourd'hui, la plupart des « poids lourds » séjournent à l'étranger.
Allusion faite au président de la République, Joseph Kabila Kabange, candidat de la Majorité présidentielle. Etienne Tshisekedi, président national de l'UDPS et candidat de l'Opposition. Léon Kengo wa Dondo, président du Sénat, candidat de l'UFC à l'élection présidentielle est également absent de Kinshasa, affirme-t-on dans les milieux proches de son parti. C'est ainsi que la conférence qu'il devrait animer ce week-end aurait été reportée sine die. Il n'est pas exclu que le candidat de l'UNC à l'élection présidentielle, Vital Kamerhe, se déplace pour l'étranger. Les premières rumeurs faisaient état de ce qu'il serait attendu depuis la première quinzaine du mois de septembre en France.
Pour des raisons d'Etat, le président de la République, Joseph Kabila Kabange est à New York, pour prendre part aux travaux de l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies, ONU. Un déplacement justifié au regard de ses hautes responsabilités politiques.
Il n'est pas du tout exclu qu'il mette son séjour new-yorkais à profit pour souligner l'importance de prochaines élections en RDC et l'engagement des Congolais à sortir définitivement leur pays du bourbier. Président en exercice, candidat à sa propre élection, il ne serait que logique qu'il tâte le pouls des partenaires pour qu'il évalue et apprécie leur façon de compter la RDC parmi leurs partenaires privilégiés.
Le président national de l'UDPS avait quitté Kinshasa bien avant. Il s'est arrêté en Europe et était attendu depuis jeudi de la semaine passée aux Etats-Unis avant de revenir sur l'Europe par Londres. Une croisade qui a pour but également de souligner l'importance des élections 2011 et les ambitions des Congolais de provoquer un changement pour s'engager dans un tournant déterminant. Le moment est bien indiqué pour échanger avec les partenaires extérieurs et se rassurer si ceux-ci ont levé aussi l'option d'accompagner le peuple congolais dans ses ambitions légitimes.
S'il faut faire fi des révélations de Wikileaks, la présence de Léon Kengo wa Dondo dans les pays d'Outre-mer, principalement au pays de l'Oncle Sam, ne surprendrait personne. Mieux introduit dans les milieux occidentaux au regard de son parcours politique, le candidat de l'UFC à l'élection présidentielle ne confirmerait que les ambitions de son parti qui demeure «une force de changement ». C'est-à-dire de gouverner autrement. Un discours qu'il aimerait bien redire devant des partenaires traditionnels afin de dissiper tout malentendu dans la perspective d'un partenariat adulte.
Quant à Vital Kamerhe, il continue à susciter de la curiosité. Son dynamisme et son discours suscitent des débats intéressants tant les observateurs le présentent déjà comme le «candidat du renouveau ». Puisque la RDC ne vivra pas du tout en autarcie, les partenaires ne manqueront de saisir cette opportunité pour creuser davantage son discours politique en rapport avec ses ambitions politiques.
Il est vrai que tous ces déplacements suscitent des commentaires en sens divers. Les plus osés n'hésitent pas de franchir un pas pour mettre en exergue l'existence des « centres périphériques » où se prennent souvent des décisions importantes. Souveraineté ou pas, la pression des partenaires extérieurs n'est jamais à sous-estimer. Leurs interférences doivent toujours faire partie des « petits calculs et des grandes manœuvres » politiques en prévision des élections. Les ignorer serait faire preuve de surdité et de cécité politiques au regard de l'impact de l'environnement international sur les politiques nationales. Le tout est toujours de savoir comment tirer son épingle du jeu pour préserver l'intérêt supérieur de la Nation. C'est en ce moment précis qu'il faut se souvenir de ce « cri de cœur » de Thabo Mbeki, ce sage d'Afrique qui invitait les dirigeants africains à s'imposer une introspection en référence à la «Guerre de Libye».
Et autour des candidats députés
Dans la foulée, les ténors de grands partis en lice ont pris également le bâton de pèlerin pour les pays d'Outre-mer. Il nous revient qu'à La Haye, les visites se succèdent à la CPI. In signale celle que mène en ce moment Jean-Claude Vuemba du MPRC, parti politique d'Opposition aile Fatima. A en croire des informations dignes de foi, il aurait également rendu visite à Thomas Lubanga, après la visite du président national de l'UDPS, Etienne Tshisekedi.
La presse étrangère fait également état de la visite du professeur Evariste Boshab, président de l'Assemblée nationale et secrétaire général du PPRD, en Corée du Sud. Un partenaire traditionnel avec qui la RDC entretient de bonnes relations de coopération multisectorielle.
Une visite d'Etat qui ne manquerait pas d'avoir un volet «électoral» lorsque l'on connaît la capacité des Coréens à fabriquer du matériel électoral.
Ce serait donc de bonne guerre que «tous» se retrouvent à l'étranger. Mais pas de compromission, car ce serait une trahison.