Controverse autour du bilan de Kabila Mécontentements chez les magistrats et les professeurs
Dans son discours en rapport avec son mandat de cinq ans, le Chef de l'Etat a fait état, le mercredi 14 septembre 2011, à partir de sa ferme de Kingankati, à une centaine de kilomètres de Kinshasa, d'avancées notoires en ce qui concerne le conditions sociales de certaines catégories professionnelles émargeant du budget de l'Etat. A ce sujet, il [Kabila] a livré quelques chiffres, notamment un salaire de 1.600 dollars pour le magistrat et 2.200 dollars pour le professeur d'université [mensonge flagrant du Chef de l'Etat congolais].
Ces révélations, au lieu de réjouir les bénéficiaires, se sont plutôt traduites par une vague de mécontentements. Hier jeudi 15 septembre, une vive tension a régné dans les cours, tribunaux et parquets du pays, où les magistrats étaient partagés entre la reprise de la grève qu'ils venaient de suspendre la semaine dernière, et la poursuite du travail. Dans la confusion, certains ont déserté leurs bureaux pour passer leur temps à cogiter autour de l'intervention du Président de la République dans leur secteur.
Dans le monde des magistrats en effet, la surprise était grande d'apprendre que cela fait deux ans que le salaire du magistrat a été porté à 1.600 dollars américains le mois. Pour ces fonctionnaires de l'Etat couverts par un statut spécial et dont le barème de rémunération s'étale entre l'équivalent en Francs congolais de 200 dollars Usd à 600 dollars Usd, la situation salariale décrite par Joseph Kabila exige des éclaircissements.
Les porteurs des toges noires pensent que si le, Président de la République n'a pas été induit en erreur par ses « services» et qu'il a décliné des chiffres authentiques, il est fort possible que leurs enveloppes de paies, souffrent d'opérations de soustraction, sinon de détournement quelque part.
Assemblée générale extraordinaire de la Cour d'Appel de Kinshasa
Les magistrats ont pris très au sérieux l'information touchant à leurs salaires et livrée en plein jour à toute la Nation par Joseph Kabila le mercredi à Kinghkati. Sans tarder, le Synamac (Syndicat National des Magistrats du Congo) est monté au créneau pour convier ses affiliés à une Assemblée Générale Extraordinaire, prévue ce vendredi 16 septembre 2011 à partir de 15 heures, à la Cour d'Appel de Kinshasa/Gombe. Selon nos sources, le principal point à l'ordre du jour serait l'évaluation des conditions sociales et de travail des magistrats durant ces deux dernières années. Un projet de mémorandum pourrait déjà être mis en chantier, en vue d'y intégrer, entre autres revendications, celles relatives d'abord au réajustement du salaire du magistrat à son taux réel, tel que défini par le Président de la République, et ensuite au recouvrement de l'énorme manque à gagner impayé depuis deux ans.
Dans l'hypothèse où la situation de leur rémunération ne serait pas rapidement éclaircie, il est à craindre, à partir de la semaine, une grève générale des magistrats sur toute l'étendue du pays.
Les professeurs dans la confusion
Dans le camp des professeurs d'universités et instituts supérieurs, l'on reconnaît effectivement le taux de 2.200 dollars Usd comme salaire mensuel.
Ce que l'on a du mal accepter, c'est l'impression qui tend à faire passer le gouvernement pour le donateur des véhicules acquis dernièrement par une minorité d'entre eux au niveau de la concessionnaire nippon ATC (Auto Transport Company).
La précision qu'ils aimeraient voir le Chef de l'Etat et les ministres donner au public est que sur les 2.200 dollars USD, ils ne perçoivent que 1.200. Usd. La différence, soit 1000 Usd, est retenue au titre des crédits-véhicules. Bref, les véhicules des professeurs, dont la livraison se fait au compte-gouttes, ne sont pas à confondre avec un cadeau du gouvernement, puisque payés par les bénéficiaires eux-mêmes, rubis sur ongles.
L'autre sujet qui fait fâcher les professeurs d'universités et instituts supérieurs concerne la suspension, par l'ATC, de son plan de livraison des véhicules. A en croire une source proche de l'APUKIN (Association des Professeurs de l'Université de Kinshasa), la direction de cette concessionnaire a laissé entendre qu'elle respecte le plan d'exécution des commandes'. Il semble que depuis un temps plus ou moins long, le gouvernement aurait arrêté les paiements des véhicules. Aussi l'APUKIN a-t-elle écrit à l'Auto Transport Company (ATC) pour solliciter une séance d'évaluation, car elle ne comprend, pas que le Trésor public continue de défalquer 1.000 Usd du salaire de chaque professeur pendant que les ayants-droit continuent de languir d'impatience. Depuis l'annonce de l'opération des véhicules pour professeurs, insiste-t-on, l'écrasante majorité d'entre eux sont à pieds ou roulent dans de vieilles guimbardes.
Dans le dossier de la paie des magistrats comme dans celui des professeurs d'universités et instituts supérieurs, l'équivoque mérite d'être levée par les ministres de l'Enseignement Supérieur et Universitaire, de la Justice, du Budget et des Finances. Tant que le flou et les mécontentements vont persister, le bilan du Chef de l'Etat, dans son volet social, risque d'être sujet à caution.