Délivrance du passeport biométrique :
Le ministre Thambwe désavoué?
Le Premier ministre congolais Adolphe Muzito. Photo d'archives.
Le Premier ministre Adolphe Muzito a décidé, en lieu et place du chef du département des Affaires étrangères, de simplifier la procédure de délivrance du passeport biométrique. Le certificat de nationalité et l'extrait de casier judiciaire ne seront plus exigés aux usagers. Cette démarche inhabituelle prend le relief d'un désavoeu face au tollé suscité par la gestion "chaotique" du nouveau titre de voyage.
Aux termes d'une signée par le Premier ministre, la procédure de délivrance du nouveau passeport a été "simplifiée". Tout requérant, détenteur d'une carte d'électeur, ne sera plus tenu de rapporter le certificat de nationalité ainsi qu'un extrait du casier judiciaire. Une deuxième note émanant du ministre des Affaires étrangères apporte un "correctif sur le sort de l'ancien passeport : pendant le délai d'attente, le requérant pourra voyager avec son ancien passeport dont la validité est désormais légalisée. Un vrai casse-tête chinois pour les légations étrangères présentes à Kinshasa lesquelles se méfient comme de la peste des documents officiels délivrés par les autorités administratives congolaises.
Dans sa note circulaire précitée datée 31 août dernier adressée au ministre de la Justice et des Affaires étrangères, le Premier ministre Adolphe Muzito est monté au créneau pour préciser à l'adresse de ces deux membres du gouvernement que "la carte d'électeur est la pièce d'identité nationale et suffit donc pour attester la nationalité". Le "Premier" de souligner que "l'exigence d'un extrait du casier judiciaire pour l'obtention d'un passeport ne se justifie pas".
Dans sa note verbale adressée aux missions diplomatiques accréditées à Kinshasa, le chef de la diplomatie congolaise, Alexis Thambwe Mwamba, précise, près de six mois après la mise en circulation du passeport biométrique, "que tous les passeports congolais, anciens et nouveaux, ont cours légal jusqu'à nouvel ordre". Lors de la présentation du même passeport, fin mars, Thambwe déclarait que "la durée de validité des anciens passeports ordinaires est de six mois à dater du 1er avril 2009".
"Le ministre est responsable de son département. Il applique le programme gouvernemental dans son ministère, sous la direction et la coordination du Premier ministre", énonce l'article 93 de la Constitution. L'intervention du chef du gouvernement congolais dans ce dossier purement administratif traduit une volonté de mettre fin au chahut que suscite par la gestion du nouveau passeport.
On rappelle que le directeur de la Chancellerie du ministère des Affaires étrangères et son collègue du ministère de la Justice ont été récemment interpellés dans une affaire de délivrance de "vrais-faux" certificats de nationalité.
A Kinshasa, des voyageurs souhaitent voir une "déconcentration" de la "distribution" du passeport. "Les autorités diplomatiques de notre pays ont élevé la délivrance du passeport au rang de mystère alors qu'il ne s'agit que d'un titre de voyage, s'enrageait un homme d'affaires. Sous d'autres cieux, le passeport est délivré par des fonctionnaires communaux".
Madeleine Wassembinya (avec APA)
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